On peut dire qu’il s’agit d’un essai exclusif, car seuls 750 exemplaires de la Harley-Davidson Electra Glide Highway King 2023 seront fabriqués. Du moins, dans le coloris « Hi-Fi Magenta ». Un millier d’autres motos seront également fabriquées en « Hi-Fi Orange ». Nous testons une moto emblématique de la collection Icons de la marque américaine dans un lieu emblématique : le Grossglockner, en Autriche. Ce n’est pas le premier endroit auquel on pense pour tester ce type de moto, mais la Highway King nous a surpris à plusieurs niveaux.
Texte: Gijs Gillis
Vous souvenez-vous de la FLH Electra Glide de 1968 ? Moi non plus, mais cette moto est une icône Harley-Davidson dont ce modèle 2023 en est une version moderne. C’est d’ailleurs ce qui fait la beauté de la chose, car à la vue de ce nouveau modèle, on peut à peu près esquisser exactement ce à quoi devait ressembler la version de 68. Et une rapide recherche sur Internet confirme ce sentiment. Si Harley-Davidson a réussi quelque chose, c’est bien le style de ses machines. Et elle le prouve – une fois de plus à un niveau exceptionnellement élevé – avec l’Electra Glide Highway King. Ce qui frappe le plus, c’est le choix de cette combinaison de coloris : magenta et blanc. Ce n’est pas exactement la combinaison de couleurs la plus virile, mais d’une certaine manière, elle donne bien et est tout simplement cool. On se sent immédiatement catapulté dans les années 60 et 70, très colorées. La variante orange est également très séduisante, mais cette version magenta lui confère une touche supplémentaire de rétro.
La deuxième chose qui vient immédiatement à l’esprit ce sont les pneus à flancs blancs. C’est vrai que c’est génial ! Dunlop les fabrique avec des gommes modernes et selon les normes actuelles, mais avec un look rétro. D’ailleurs, regardez ces magnifiques jantes à rayons, tous les détails du garde-boue avant surdimensionné, l’utilisation abondante de chrome, les phares rétro, le pare-brise bicolore,… Il y a tellement de détails particuliers sur cette Highway King que le simple fait de la regarder est un régal. La machine est parfaite, de l’avant à l’arrière et de haut en bas. C’est une ode à une époque où le style et le plaisir visuel étaient plus importants que les caractéristiques de conduite ou le confort. C’est un peu exagéré, mais dans le bon sens du terme. Vous voyez ce que je veux dire ?
Nous ne sommes pas les seuls à trouver que la Highway King a fière allure. Les pouces levés par les jeunes et les moins jeunes fusent lorsque nous traversons des villages de montagne autrichiens. Un sourire se dessine instantanément sur les visages des autochtones et des touristes. Disposer d’une telle force sur un engin à deux roues est un exploit en soi. Mais nous aussi, nous sommes sur « la reine de l’autoroute » avec un sourire bien visible sous notre casque jet. La météo exceptionnelle et la beauté des paysages jouent également un rôle, et complètent merveilleusement les qualités de l’américaine. Cela commence par la position de conduite agréable sur la belle selle solo. En fait, sur cette Electra Glide, vous êtes assis beaucoup plus haut que sur d’autres Harley-Davidson plus basses. Par conséquent, vous vous accrochez moins au guidon et vous êtes un peu plus actif.
Un sourire se dessine instantanément sur les visages des autochtones et des touristes.
Vos jambes forment un angle d’environ 90 degrés et vos pieds reposent sur les grands marchepieds, tandis que vos bras sont écartés devant le grand guidon et votre dos est bien redressé. En d’autres termes, une position assise particulièrement agréable. Non seulement pour passer une journée entière de cette manière, mais aussi pour tenir éveiller le motard dynamique qui sommeille en vous et vous tenir prêt pour la suite. La route Grossglockner Hochalpenstrasse comporte 36 virages pour monter à 2 500 mètres d’altitude. Il s’agit d’ailleurs de la plus haute montagne d’Autriche avec ses 3 798 mètres. Il va donc falloir braquer un peu pour atteindre le sommet. Ce qui ne correspond pas tout à fait à ce que l’on appelle une « autoroute ». Ou comment on peut se méprendre complètement sur une dénomination …
La Hochalpenstrasse n’est techniquement pas la route la plus difficile à emprunter. Elle est suffisamment large, ne monte pas en pente raide et comporte des virages en épingle qui ne nécessitent pas d’être un pilote de gymkhana expérimenté pour les franchir en une seule fois. Une chance, car la Highway King n’a pas une garde au sol importante avec ses marchepieds et sa construction assez basse. Avec ses 385 kilos en état de marche, c’est aussi une masse importante à faire monter. Heureusement, le bicylindre en V est plus que suffisant avec ses 93 ch et son couple particulièrement généreux de 158 Nm à 3 250 tr/min. Vous ne gravirez pas la montagne de manière sportive, ce n’est de toute façon pas l’intention de cette moto. La Highway King est avant tout un cruiser pur sang. Passez les vitesses le moins possible, roulez au plus souple. Laissez le moteur faire le travail, détendez-vous et profitez du paysage. Et c’est ce que fait la Harley-Davidson, comme on l’attend d’elle. Le moteur tourne en douceur, la boîte de vitesses passe les rapports de manière claire et nette, et le confort est de haut niveau. Cela est dû non seulement à la position de conduite reposante mais légèrement surélevée, mais aussi au pare-brise généreux et à la suspension de la selle. Oui, vous avez bien lu, la selle est suspendue séparément. Cela apporte une couche supplémentaire de confort, et heureusement pas un effet de siège de chauffeur de bus.
Avec une position de conduite plus active que sur les autres modèles Touring Harley-Davidson, vous obtenez une moto qui veut être pilotée activement et qui n’est que trop heureuse d’être un peu malmenée. Ce n’est pas que les autres modèles Touring refusent de le faire, mais la Highway King le veut encore plus. Et elle le fait bien, en plus. Si l’on tient compte du poids, on obtient une moto qui se dirige avec une belle fermeté. Virage après virage, on prend confiance en ses capacités (et en ses pneus). Tout semble très facile, sans effort, une machine qui fait le boulot finalement sans le montrer. On l’entend pourtant, car un son typique de Harley-Davidson émane des énormes échappements chromés. On aime ou on n’aime pas.
En outre, vous ne devez pas vous inquiéter outre mesure si vous pensez avoir trouvé ou dépassé les limites de la moto, car elle est équipée de nombreuses assistances bien modernes. L’élément le plus important : les freins Brembos très performants. Les freins couplés ne font pas seulement bien leur travail, ils ont aussi une belle allure. Il suffit de regarder la forme de ces disques. En outre, la Highway King dispose d’une liste d’équipements électroniques modernes : ABS en virage, antipatinage, contrôle de dérapage, démarrage en côte et régulateur de vitesse ne manquent évidemment pas. L’Electra Glide Highway King est donc beaucoup plus moderne que ce que l’on pourrait croire à première vue. Pour conserver ce look authentique, les ingénieurs n’ont pas opté cette fois-ci pour des feux à LED modernes, mais la King est équipée de feux halogènes. Bravo pour ce choix, il fallait l’oser.
À l’approche du sommet du Grossglockner, nous ne pouvions pas être plus enthousiastes à l’idée de conduire cette nouvelle Electra. Un point culminant à double titre, donc. Mais ce n’est pas fini, car maintenant nous plongeons vers les profondeurs. Encore une fois, au sens propre comme au sens figuré. Non pas à cause des freins de la Harley-Davidson, qui soudainement seraient moins performants, ou qui refuseraient d’être utilisés. Non, ils continuent de remplir parfaitement leur rôle. Mais à cause du prix fou que la marque américaine demande pour cette réincarnation 2023. Accrochez-vous, car nous continuons à descendre vers la vallée. Avec 39.495 euros sous les fesses, glup’s … Et nos oreilles qui se bouchent à cause du dénivelé. Et vos yeux qui s’écarquillent en voyant ce montant. Quoi qu’il en soit, c’est une sacrée somme d’argent. En échange, vous obtenez une Harley-Davidson emblématique, en édition limitée, magnifiquement finie et qui roule très bien. Et si vous ne faites pas trop de kilomètres et que vous l’entretenez bien, elle vaudra peut-être un peu plus dans quelques années.
Photos: Pien Meppelink
Les PLUS
Design, finition, position de conduite
Les MOINS
Poids, tarif, production limitée
MOTEUR
Type: V-twin à 45° Milwaukee-Eight 114
Cylindrée: 1.868cc
Alésage x course: 102 x 114,3 mm
Taux de compression: 10,5:1
Embrayage : multidisque en bain d’huile, assisté et à glissement
Boîte de vitesses: à six rapports
Transmission finale : courroie
PRESTATIONS
Puissance maximum: 93 ch (69 kW) @ 5.250 tr/min
Couple maximum: 158 Nm @ 3.250 tr/min
ELECTRONIQUE
Moteur: régulateur de vitesse, démarrage en côte
Partie-cycle : contrôle du couple résiduel et de traction en virage, ABS en virage
PARTIE-CYCLE
Cadre: Double berceau en acier
Suspension avant: fourche de 49mm
Possibilités de réglage: /
Suspension arrière: deux amortisseurs
Possibilités de réglage : précharge du ressort
Débattement av/ar: 117/56 mm
Frein avant: deux disques de 300mm, étriers à 4 pistons
Frein arrière: un disque de 300mm,étrier à 2 pistons
Pneumatiques av/ar: MT90-B16, 180/65-B16
DIMENSIONS
Poids TPF: 385 kg
Réservoir: 22,7 litres
Empattement: 1.625 mm
Hauteur de selle: 790 mm
Angle de chasse: 26°
Chasse: 170 mm
PRIX
A partir de 39.495 €