avatar Pascal MoutonPascal Mouton    06 Mar 2023, 7:39    0   

Parcourir l’illustre Route 66 est un rêve pour de nombreux motards. Cependant, comme pour beaucoup de rêves, il n’est pas facile d’en faire une réalité. Il existe une alternative peu connue à la route la plus légendaire du monde et elle est beaucoup plus proche de chez nous. La Ruta de la Plata, qui traverse la péninsule ibérique du nord au sud, peut être considérée comme la Route 66 espagnole.

La Ruta de la Plata est une route moderne basée sur une ancienne voie romaine. Le nom vient de l’arabe et fait référence au type de revêtement (balata, une route pavée) et non au transport de l’argent (plata en espagnol) comme on le pense souvent. La route reliait certaines des plus grandes villes de l’ancienne Hispanie et servait également à diffuser la culture romaine. La route a été équipée dès le départ d’infrastructures qui constituent aujourd’hui d’importants vestiges le long du parcours, et la Ruta a continué à jouer un rôle non négligeable dans les réseaux de communication de la péninsule ibérique au Moyen Âge. Ce furent les siècles où musulmans et chrétiens se partageaient (ou se disputaient) la terre, l’économie et la culture.

Idéal pour les motards

L’itinéraire traverse quatre régions et sept provinces sur un axe nord-sud de 1 000 kilomètres de long et couvre plus de 100 000 kilomètres carrés. Le voyageur peut profiter de nombreux exemples de toutes les cultures qui ont marqué la péninsule ibérique : du monde romain à la Séville baroque, en passant par l’héritage arabe, l’influence romane (qui atteint sa plus grande splendeur à Zamora), l’architecture gothique, etc.

La qualité des routes et des infrastructures en fait également un itinéraire idéal pour les motards. À cet égard, la Via de la Plata est l’un des itinéraires les plus complets et les plus variés que l’on puisse parcourir à moto. Grâce à son climat méridional, vous pouvez parcourir cet itinéraire 365 jours par an. Le gouvernement local fournit également un passeport moto, qui vous permet d’obtenir des réductions sur vos nuitées et vos visites au restaurant.

Nous l’avons fait sur une MV Agusta Turismo Veloce. C’est la moto idéale pour cet itinéraire car on y rencontre un peu de tout. Des tronçons d’autoroute, des routes de montagne sinueuses, des tronçons plats et, de temps en temps, une voie pavée. La Ruta de la Plata comprend des parties anciennes et originales de l’ancienne route, mais ceux qui ne souhaitent pas emprunter ces vieilles routes peuvent se rabattre sur des routes plus modernes. Nous avons débuté notre parcourt en démarrant de la côté atlantique. Plus exactement de Gijon, qui n’est pas à proprement parlé une ville typique espagnole. Avec un climat océanique (été chaud et hiver pluvieux/venteux), elle est remarquablement verte. Elle n’attire pas beaucoup de touristes. Ce fut un coup de foudre.

Dilemme

En quittant Gijon, nous avons immédiatement été confrontés à un dilemme : prendre la route facile à travers Oviedo ou rester à droite de la ville et prendre la route plus difficile à travers le parc naturel de Redes. Nous avons choisi cette dernière option et avons immédiatement découvert l’un des avantages de ce parcourt : il n’y a aucune obligation de rester sur la même route. Avec le passeport moto, vous pouvez vous enregistrer à différents points de passage le long de la route et collecter des tampons. Tout en profitant des réductions offertes.

Après un départ pluvieux et brumeux de Gijon et des températures assez basses en traversant les montagnes, le temps s’est inversé dès que nous avons passé Leòn. A partir de là, le temps était chaud et sec. Exactement ce à quoi on peut s’attendre en été dans le centre de l’Espagne. Après 300 km avec beaucoup d’arrêts photo et de café, nous nous sommes arrêtés à Zamora pour notre première nuit sur La Ruta. Comme partout en Espagne, la nourriture était bonne, le vin délicieux et l’addition très abordable. Gijon-Zamora a été une excellente première journée.

Pata Negra

Le deuxième jour promettait d’être encore meilleur, puisque nous avions prévu des arrêts à Salamanque et Guijelo. Nous avons atteint notre première destination en un peu moins de deux heures, sur la N66, facile et rapide. C’était agréable de pouvoir ouvrir en grand avec notre MV Agusta Turismo Veloce et de profiter de la stabilité des pneus Bridgestone T32. La veille, nous avions été surpris par l’excellente adhérence sur les routes de montagne humides, et aujourd’hui, nous avons apprécié le feedback et l’équilibre à haute vitesse. C’est bon de voyager avec des pneus qui apportent une totale confiance.

Salamanque est l’une des villes les plus espagnoles d’Espagne. Il y fait chaud, la ville a beaucoup d’histoire et de beaux bâtiments. Comme tout bon touriste, nous sommes partis à la recherche de la célèbre grenouille de Salamanque et nous avons visité le centre-ville pour voir sa célèbre architecture. Sans la chaleur torride, nous aurions pu rester plus longtemps. Mais Guijelo nous appelait. Cela peut vous sembler étrange, mais si vous savez que cette ville est le centre de l’industrie du jambon Pata Negra, sa visite est incontournable pour tout non-végétarien. Un bon repas s’y impose sans oublier bien entendu le jamòn (plutôt cher). Le jambon ibérique est célèbre dans le monde entier, et le Pata Negra est le meilleur des meilleurs. Le nom fait référence au sabot noir des porcs locaux et la viande est unique.

Unesco

Satisfaits de notre déjeuner et des deux jambons que nous avons achetés, nous avons continué à rouler sur l’une des parties les plus difficiles de la route. Non pas à cause des montagnes ou de la pluie, mais parce que nous avons choisi de rouler sur certaines des sections originales de la Ruta de la Plata. Des pavés et des chemins poussiéreux nous ont conduits de Guijelo à Cacerès, une ville inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco au cœur de l’Estrémadure. Le vieux centre ville est à voir absolument, mais… seulement si vous êtes à pied. Même en moto, il est très difficile d’y entrer. Nous avons essayé de trouver un hôtel, mais aucun de ceux qui étaient libres ne pouvait nous fournir un endroit pour garer les motos. Finalement, nous avons choisi de sortir du centre-ville, où nous avons facilement trouvé un hôtel, mangé une pizza bon marché et nous sommes endormis de bonne heure. Un peu épuisé par 12 heures de moto sous la chaleur espagnole !

Une fin parfaite

Bien reposés et curieux de ce qui nous attendait, nous avons entamé la dernière journée. Nous nous sommes dirigés vers Séville et avons à nouveau « profité » de la chaleur ; nous commencions à nous habituer à parcourir la Ruta en été. Nous avons fait un arrêt rapide à Séville, mais l’arrivée dans une ville animée avec beaucoup de touristes était tout le contraire de ce que nous avions vécu les jours précédents. Nous avons donc quitté la métropole andalouse et fait un dernier petit tour jusqu’à la jolie ville de Carmona. L’endroit idéal pour terminer un voyage de trois jours sur l’un des tronçons les plus impressionnants d’Europe. Le mélange de culture espagnole, la diversité des routes et la nourriture délicieuse ont fait de ce voyage un moment mémorable. Sans souci, nous avons profité pleinement de ce voyage. Et comme il y a tellement d’occasions de parcourir la Ruta et que nous avons toujours notre passeport moto, nous prévoyons de la refaire bientôt. Au revoir, Ruta de la Plata !

Quelques chiffres

929 km parcourus

4 communautés autonomes traversées

7 provinces traversées

72 litres de carburant consommés

2 jambons Pata Negra achetés

31 heures sur la moto

Regardez la vidéo

Texte: Thierry Sarasyn

Photos: Francesc Montero

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