Si vous êtes un peu plus jeune, il y a de fortes chances pour que vous n’ayez jamais entendu parler de la marque Fantic. Et cela a peu d’importance aujourd’hui si on vous présente la Caballero Scrambler 700. Pourquoi vous influencer sur la riche histoire de ce constructeur, alors que vous avez simplement envie de lire le test de ce nouveau scrambler arrivé sur le marché. Considérez simplement Fantic comme une marque internationale, avec une maison et un design italiens et une ingénierie japonaise.
Texte: Gijs Gilis
Plusieurs marques, dont Benelli et Moto Morini, utilisent la même recette: design italien et fabrication chinoise. Mais la Fantic Caballero Scrambler 700 fait les choses un peu différemment. Elle emprunte directement l’excellent bicylindre CP2 de Yamaha. Et CP2 est synonyme de fête. Car tout le monde a en tête les performances de ce moteur sur les Yamaha MT-07, XSR700, Tracer 7 et Ténéré 700. Mais ce moteur peut-il produire la même magie sur un scrambler italien ? Sur le papier, c’est certainement le cas. Et en termes de design, rien à dire. La Caballero est une belle machine, inspirée par la 125 RC des années 70. Elle a le look typique du scrambler avec ses pneus semi-sculptés, son large guidon, sa selle plate et son échappement en position haute.
Pour cet essai, nous avons droit à la version bleue – elle existe aussi en rouge – qui se marie bien avec la fourche avant dorée. Des garde-boue blancs, des plaques de numéro ovales blanches 700 – avec le drapeau italien – et une double sortie d’échappement joliment dessiné, l’éclairage minimaliste et de belles jantes à rayons. L’ensemble est bien fini et la Caballero donne une impression de solidité. Dommage que la selle soit en simili bon marché et que les « coutures » bien visibles ne soient là que pour faire joli. Un beau (faux) cuir aurait pu être utilisé. Le moteur CP2 reconnaissable est très présent. Heureusement, il n’a pas été modifié à l’exception d’une admission et d’un échappement différents. Les Italiens proposent trois modes de conduite (Street, Offroad, Custom) ainsi qu’un contrôle de traction débrayable. Notez que ces deux équipements électroniques sont absents sur les Yamaha susmentionnées.
La Caballero démarre en fanfare. L’écran TFT vous accueille avec élégance et le moteur vous réchauffe. Le tableau de bord circulaire est simple et sans fioritures, nous apprécions. Nous remarquons aussi que le moteur émet un son différent de celui auquel nous sommes habitués avec les Yamaha, même au point mort. Une fois sur la route, cette opinion ne change pas, ce qui est une bonne chose. Non pas que le son des Yamaha soit mauvais, mais Fantic a réussi à trouver sa propre signature sonore. La réponse à la poignée d’accélérateur est également très différente de celle que l’on trouve sur les Yamaha CP2. Ce n’est pas tant lié aux trois modes de conduite, car ils sont parfaits. C’est autre chose, et cela nous semble « mieux ».
Nous ne jouons pas beaucoup avec les modes de conduite aujourd’hui car, comme avec la plupart des motos, nous savons déjà lequel utiliser après quelques kilomètres. Appelez-le « Standard », appelez-le « Road », appelez-le « Normal » ou, dans le cas de la Caballero, « Street ». C’est en général le mode le plus agréable pour 99 % des machines. Et il en va de même pour la Caballero 700. La réponse de la poignée d’accélérateur est tout simplement parfaite et le travail en amont effectué chez Fantic a été bien fait. Le fonctionnement de la boîte de vitesses est moins évident. Les rapports passent avec un peu de raideur, mais notre moto d’essai n’a que 260 km au compteur. Nous ne pouvons rien garantir, mais il y a de fortes chances que la boîte « s’assouplisse » un peu avec le temps.
Entre-temps, nous commençons également à nous détendre et profiter de la route le long des digues. Il est parfois très agréable de rouler ici, et tant que vous n’êtes pas regardé avec colère par les promeneurs ou les cyclistes, tout va bien. La Caballero 700 n’est pas non plus une moto « criarde », avec des couleurs vives et faisant beaucoup de bruit, ce qui aide à se faire accepter. La Fantic, photogénique, est observée plutôt que dévisagée, parce qu’elle est tellement sympathique. Pour autant que les machines puissent être agréables, bien sûr… La position de conduite est également agréable, pour le corps et les membres. Vous êtes assis de manière détendue et en aucun cas replié sur vous-même.
Il est de notoriété publique que les modèles Yamaha CP2 sont très maniables. Mais si Fantic utilise le même moteur, le châssis de la Caballero 700 est différent. Les Italiens se sont adressés à leurs compatriotes Brembo pour les freins et Marzocchi pour les suspensions. À la lecture de ces noms, vous savez déjà à quoi vous attendre : la qualité. L’unique frein à disque avant suffit pour freiner et arrêter la moto, mais deux disques n’auraient pas été du luxe. Cela aurait sans doute gâché le look typique d’un scrambler avec sa jante avant « nue » d’un côté. Dans la vie, il faut choisir.
Les Marzocchi font également ce que l’on attend des suspensions d’un scrambler : du confort avec suffisamment de sportivité et donc de dureté. Le résultat de tout cela – cadre, suspension, freins – donne une moto qui se manie bien avec beaucoup de stabilité. Ce n’est pas toujours évident sur une moto avec des pneumatiques à sculptures, mais la Caballero 700 se comporte très bien et permet de se « jeter » dans tous les virages. Sa direction est également très neutre. Une moto facile à piloter qui conviendra parfaitement aux débutants, mais qui possède également suffisamment de fougue pour les pilotes expérimentés. Et si les choses se gâtent, il est possible de désactiver l’antipatinage (en mode Offroad) et l’ABS en virage.
Ce qui nous surprend le plus avec cette Caballero 700, c’est sa maturité. Habituellement, les nouveaux modèles de fabricants relativement jeunes, comme Fantic dans sa forme actuelle, ont beaucoup de problèmes au début. Il ne s’agit pas nécessairement de problèmes électroniques ou de freins mal aiguisés, mais simplement d’aspects généraux qui ne semblent pas encore tout à fait mûrs. Avec la Caballero, on a l’impression que cette machine a été construite depuis des décennies, car il n’y a tout simplement pas grand-chose à redire. L’esthétique est excellente, tout comme la finition, le moteur est très performant, les freins sont corrects et la direction est agréable. Il n’y a donc pratiquement rien à redire, ce qui prouve que la Caballero 700 n’est pas arrivée trop vite sur le marché. Les Italiens on pris le temps de développer cette machine. En plus, le choix d’opter pour le bloc Yamaha CP2 est un argument qui peut et va séduire les acheteurs. Sans aucun doute. Quant à savoir si la Fantic Caballero Scrambler 700 est meilleure que la Yamaha XSR700 XTribute, seul un test comparatif devra le démontrer. Mais nous pouvons d’ores et déjà prédire un duel passionnant.
Fantic élargit considérablement sa gamme. Outre les modèles cross, enduro et supermoto, la gamme Caballero comprend des machines plus orientées vers la route. Et l’arrivée de la Caballero Scrambler 700 est bien pour compléter la gamme composée de monocylindres 125cc et 500cc. Une décision forte, car la Caballero 700 est une machine pleine de caractère. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder ce scrambler au design élégant et aux couleurs historiques. Même en roulant, on sent immédiatement qu’il a tout bon. Non seulement le moteur de la Yamaha fonctionne de manière géniale, mais Fantic a également réussi à appliquer la même magie à son châssis. Il est même un peu mieux, avec différents modes de conduite, un contrôle de la traction, une réponse plus fine à l’accélération et son propre son d’échappement. Cela se paie aussi, car par rapport à la Yamaha XSR700 XTribute affichée à 9 299 euros, la Fantic Caballero Scrambler 700 est plus chère. 700 euros pour être exact. Une sacrée différence de prix, mais comme toujours, il faut payer pour l’exclusivité. Dans le cas de la Caballero 700, le jeu en vaut la chandelle.
Photos: Pien Meppelink
Les Plus
Design, moteur, look & feeling
Les Moins
Frein avant, design de la selle, budget
MOTEUR
Type: Bicylindre 4T à refroidissement liquide, DACT, 4 soupapes par cylindre
Cylindrée: 689 cm3
Alésage x course: 80,0 × 68,6 mm
Taux de compression: 11.5 : 1
Embrayage : multidisque en bain d’huile
Boite de vitesse : à 6 rapports
Transmission finale : chaîne
PRESTATIONS
Puissance maximum : 74 cv (54,4 kW) à 9 000 tours/minute
Couple maximum : 70 Nm à 6 500 tours/minute
ELECTRONIQUE
Moteur : trois modes de conduite (Street, Off Road, Custom)
Partie-cycle : contrôle de la traction, ABS en virage désactivables
PARTIE-CYCLE
Cadre: en aluminium à section variable
Suspension avant: Fourche inversée VRM-Marzocchi de 45 mm
Réglage: sans
Suspension arrière: mono-amortisseur VRM-Marzocchi
Réglage: précontrainte du ressort
Débattement av/ar: 150/150 mm
Frein avant: Disque flottant de 330 mm, étrier Brembo radial à 4 pistons
Frein arrière: un disque de 245 mm, étrier Brembo
Pneumatiques av/ar: 110/80 R19, 150/70 R17
DIMENSIONS
Poids à vide : 175 kg
Angle de chasse : nc
Chasse : nc
Réservoir de carburant : 13 litres
Empattement : 1.460 mm
Hauteur de selle : 830 m
PRIX
À partir de 9.990 euros