La Hildebrand & Wolfmüller de 1894 n’est pas la plus ancienne moto existante. Au 19ème siècle, dans les années 60, il existait aussi des motos à vapeur. Ou encore la Einspur à moteur à essence de Gottlieb Daimler datant de 1885. Cependant, la Hildebrand a été le premier deux-roues motorisé à être produit en série. Le modèle vendu, numéro de châssis 619, numéro de moteur 69, est considéré comme le plus ancien modèle de production encore existant.
Le moteur de la Hildebrand & Wolfmüller est un bicylindre parallèle à quatre temps de 1 488 cm3 refroidi par eau. Une fameuse cylindrée dans l’absolu mais qui ne développe que 2,5 ch à 240 tr/min. Les cylindres sont suspendus au cadre à l’horizontale. De longues bielles sont reliées à un « vilebrequin » fixé sur la roue arrière pleine. Les frères Heinrich et Wilhelm Hildebrand étant des ingénieurs spécialistes de la vapeur, la similitude avec le fonctionnement d’une machine à vapeur n’est pas une coïncidence. Le carburant est acheminé du réservoir vers un carburateur, puis vers les cylindres en passant par les soupapes d’admission « atmosphériques », où il est enflammé par un tube chaud en platine mis au point par Daimler.
La roue arrière chaussée en Dunlop, une première sur une moto, fait office de volant d’inertie. Des bandes de caoutchouc aident les pistons à remonter pendant la compression. Le garde-boue arrière de section carrée contient le réservoir d’eau de refroidissement et l’un des tubes du cadre de la moto de réservoir d’huile. Le résultat ? Une vitesse de pointe de près de 50 km/h, ce qui était incroyable à l’époque. Le système de freinage consiste en deux blocs de bois qui frottent sur le pneu avant. L’accélérateur, tirette sur le guidon, se ferme automatiquement. Le démarrage de la machine nécessitait un effort concerté, car il fallait pousser la moto jusqu’à ce que le moteur démarre, après quoi le pilote sautait dessus en essayait de réguler le régime en même temps.
Le cadre provenait à l’origine d’une bicyclette, mais il s’est avéré insuffisamment robuste pour le poids et la puissance du moteur. Il a donc été renforcé pour obtenir un nouveau modèle, vaguement basé sur la machine à vapeur de Hildebrand. Le modèle final sera baptisé « Motorrad » en Allemagne et sera breveté en janvier 1894. Il est à noter qu’en France, elle prendra le nom de Pétrolette. Le nombre exact de modèles produits est contesté, mais on estime qu’il se situe entre 800 et 2 000.