Filip Rylant, porte-parole de la fédération de la mobilité TRAXIO, résume la situation : « Comme on pouvait s’y attendre, le marché de la moto d’occasion s’effondre : les ventes de février ont baissé de -30,7 % par rapport à février 2022 et même de 38,8 % par rapport à février 2021. »
Cumulativement sur les deux premiers mois de l’année, cela représente une baisse de 22,1 %, soit une perte de 1.825 unités (à peine 2.959 unités au total). « Nul besoin de chercher midi à quatorze heures pour en connaître la cause : l’obligation, depuis le 1er janvier 2023, de contrôle technique pour les motos d’occasion. Les effets vont continuer à se faire ressentir dans les mois à venir. Aussi, nous prévoyons une augmentation du nombre de motos qui vont se retrouver sur le marché des pays voisins. D’après les marchands de motos, les particuliers sont plus enclins à confier leur moto à un concessionnaire ou à un revendeur pour ne pas avoir à se rendre eux-mêmes au contrôle technique en vue d’une vente.
On s’attend donc à ce que les particuliers qui vendent leur moto touchent moins pour leur deux-roues dans ce cas et, éventuellement, à ce que les prix sur le marché de l’occasion en général se mettent à baisser. Le contrôle technique des motos n’est pas une situation facile à gérer pour les concessionnaires de motos. Généralement, ils se sont équipés des appareils nécessaires, notamment pour le réglage des phares et la mesure des décibels. Mais le nombre de stations affectées au contrôle des motos étant limité, les concessionnaires doivent souvent parcourir de longues distances pour passer les motos au contrôle technique, et les délais d’attente commencent eux aussi à s’allonger. Nous avons également entendu dire que quelques importateurs accompagnent les stations de contrôle technique dans cette phase de démarrage.»
Le secteur exprime des inquiétudes concernant le contrôle technique des motos : « On délivre beaucoup de certificats de visite rouges pour, par exemple, des phares mal réglés ou pour des papiers qui ne sont pas tout à fait en ordre dans le cas de motos plus anciennes. Ce ne doit pas être une raison pour insinuer ultérieurement que de nombreuses motos recalées étaient dangereuses ; souvent, le refus ne porte pas sur des manquements techniques. »
La Flandre a été le principal marché de l’occasion au cours des deux premiers mois (60,9 %), mais a tout de même perdu 22,1 %. Le déclin en Flandre se produit dans toutes les classes, surtout dans la catégorie des plus de 1.000 cc. La perte pour la Wallonie est encore plus importante : – 24,7 %. La baisse y est à peu près la même dans toutes les classes de plus de 125 cc. À Bruxelles, en revanche, on constate une légère progression, surtout dans les classes allant jusqu’à 500 cc. À l’échelle provinciale, Anvers est la province qui perd le moins (- 14,1 %), et le Luxembourg, celle qui perd le plus (- 31,4 %).
Il est intéressant de noter que la classe des plus petites cylindrées a de nouveau enregistré les meilleurs résultats (ou plutôt : les moins mauvais résultats) dans notre pays en février. Pour ce qui est des motos d’occasion, les moins de 125 cc se taillent une part de marché de pas moins de 30 %, mais la catégorie des moyennes et grosses cylindrées (+ 1.001 cc) n’en reste pas moins importante, avec une part de 21,6 %. À cause du contrôle technique des motos, toutes les classes de plus de 125 cc enregistrent une perte d’au moins 32 % par rapport à l’année dernière…
Enfin, parmi les marques du top 10, on ne trouve que des perdants cette fois, avec des chiffres allant de – 16 % à – 50 %. Seul Piaggo limite les dégâts grâce à sa gamme de motos de plus petite cylindrée.