Le team KM99, porté par Mario Kupper et Gaëtan Schyns, a bouclé sa première saison FIM Endurance World Championship. Au guidon de la Yamaha « belge », des pilotes de pointe. Lucas Mahias, Florian Marino et notre compatriote Bastien Mackels, que nous avons interrogé.
Propos recueillis par Laurent Cortvrindt – Photos KM99
Je pars du principe que l’on se doit de formuler des attentes assez élevées si on veut réaliser de grandes performances. En d’autres mots, si tu veux être champion du monde, tu dois débuter l’année avec cet objectif. Ce qui ne veut pas dire que tu vas y arriver, comprenons-nous bien. Prenons l’exemple du YART. Depuis des années, ils se comportent en prétendants au titre. Et ils viennent seulement d’atteindre leur objectif. Cela montre à quel point le niveau est élevé en FIM EWC. Alors, effectivement, en début de saison, nous avions témoigné d’une certaine ambition. Est-ce une déception de n’avoir pu concrétiser nos objectifs ? Je ne pense pas. Une première année en Championnat du Monde d’Endurance FIM n’est jamais un exercice aisé. Nous étions, malgré tout, à chaque fois dans le rythme. Nous avons manqué d’un peu de chance. Toutefois, nous avons pu terminer trois des quatre courses. Ce qui reste un bilan honorable. Nombre de teams se fixent comme premier objectif de finir les courses. De notre côté, nous avons quand même signé une sixième place. Et une dixième place finale au Championnat.
Oui, c’est vraiment une course tout à fait à part. Suzuka se rapproche davantage d’une manche du Superbike que d’une course d’Endurance. Parce que peu d’équipes européennes font le déplacement. Et parce que les budgets engagés par les équipes locales sont démesurés. En outre, la piste est également spéciale. Nous avons eu l’occasion d’y rouler, ce qui donne un avantage certain aux motos équipées de Bridgestone, puisque ce manufacturier utilise Suzuka comme centre de développement.
Pas forcément. La course de Spa s’est globalement bien déroulée pour toutes les équipes. Tous les teams officiels ont, par exemple, terminé. Ce qui ne fut pas le cas sur les autres courses. Les conditions étaient bonnes, les équipes ont bien géré les 24 heures. Mais évidemment, cela nous tenait particulièrement à cœur de signer un bon résultat à Francorchamps. Et contrairement aux idées reçues, le fait d’être un team belge ne nous a pas donné d’avantages pour performer. Ce n’est que la deuxième édition des 24 Heures de Spa. Nous possédons, à titre de comparaison, beaucoup plus de données sur les autres tracés. Sur les dix dernières années, Florian Marino a davantage roulé à Spa que moi, vu que je me suis essentiellement concentré sur l’IDM. Par contre, comme je l’ai dit, nous avions sans doute davantage d’envie et de motivation. Mais plus de pression aussi…
En tant que pilote tu veux toujours rouler davantage. Et clairement, une saison composée de quatre courses ne laisse pas la place aux mauvais résultats. On met également plus de temps à emmagasiner de l’expérience. En tant que nouvelle équipe, l’idéal aurait été de pouvoir faire davantage de tests entre les courses. Mais les budgets engagés sont colossaux. Il ne faut pas perdre de vue qu’en une seule course de 24 heures, on roule plus que sur toute une saison de vitesse ! On consomme donc énormément de pièces. C’est difficile de reconditionner complètement la moto pour partir faire des tests à l’étranger, alors que les rendez-vous de l’endurance se suivent quand même d’assez près. L’idéal était donc de ne pas se louper. Nous n’avons pas connu de réel problème mécanique. La moto a donc été bien préparée. L’électronique ou les réglages par rapport aux pneumatiques auraient, par contre, pu être encore davantage développés. Cela viendra.
Sans doute un 8 sur 10. Pour une première saison, il ne faut pas se montrer trop sévère. Nous avons réalisé de belles choses, surtout au niveau du rythme en qualifications et en course. Nous étions presque tout le temps la première équipe privée. Ce n’est pas négligeable pour des rookies. Inévitablement, le but consiste à s’améliorer et il y a encore de la marge de progression.
Difficile à dire. Déjà l’envie d’être là. Nous avions un bon staff technique, ce qui permet de rapidement se montrer compétitif. Et nous avions une belle homogénéité au niveau des trois pilotes, ce qui permet de régler plus facilement la moto.
Travailler sur le package global évidemment. Mais ça, c’est inhérent à l’intersaison de chaque équipe. Pour nous plus spécifiquement, je dirais travailler la cohésion générale. C’est quelque chose que tu ne peux pas acheter. Les gros teams travaillent avec les mêmes personnes depuis des années. Cette expérience est précieuse. Pendant la course comme lors des passages de relai, chaque personne doit parfaitement savoir ce qu’elle doit faire. Cela permet de gagner quelques dixièmes, voire des secondes. Et ce temps « économisé », les pilotes ne doivent pas essayer de le rattraper en piste en prenant des risques supplémentaires. Ce sont des petites choses, mais sur 24 heures, cela peut se traduire en un, voire plusieurs tours d’avance.
C’est pourquoi j’ai toujours le plus grand respect pour les mécaniciens. Ces gens travaillent comme des fous. Entre les courses, avant le départ, pendant la nuit… ils ne s’arrêtent jamais. Et lors de chaque ravitaillement au stand, la pression sur leurs épaules est maximale. Car ces quelques secondes peuvent réellement conditionner le résultat d’une course. L’expérience acquise nous aidera grandement.
Pour le team, la première tâche concerne évidemment à la recherche de sponsors et les discussions avec les fournisseurs. Il s’agit, par exemple, de savoir avec quelle marque de pneumatiques nous roulerons l’an prochain. Mais aussi savoir quelles pièces spéciales nos partenaires vont pouvoir développer ou débloquer. Il faut évidemment aussi préparer la structure et l’équipe. Et puis il y aura la négociation avec les pilotes. En tant que pilote, l’objectif consiste à essayer de rouler un maximum et faire des tests avec l’équipe en fonction des budgets alloués.
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En 2023, Bastien Mackels s’est également aligné dans le très relevé championnat Allemand IDM. Arrivé en « last minute » pour remplacer un pilote blessé, Bastien a rapidement trouvé ses marques pour décrocher quatre podiums en douze courses. Pour le team Yamaha SWPN, il termine finalement 7e du général, et ce en ayant manqué deux manches qui tombaient en même temps que Suzuka. Une belle performance donc ! Actuellement, les discussions sont en en cours pour la saison 2024. Affaire à suivre…